Pumpkin’s Boomerangs
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Quelques Idées Reçues Sur Le Boomerang
samedi 21 avril 2012
par Pumpkin (^_^)
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Beaucoup d’idées reçues –et souvent négatives– circulant encore à propos du boomerang ont hélas contribué à freiner le développement de ce sport...

1) « Tel un chien fidèle, le boomerang revient TOUJOURS dans les mains de son lanceur. »

FAUX. La trajectoire du boomerang est courbe et il peut revenir à proximité du lanceur. Mais souvent, ce dernier doit aller le chercher. En compétition, des cercles concentriques tracés au sol permettent de noter la précision du retour ; le lanceur se place toujours au centre. En dessous de deux mètres de rayon, le concurrent marque le maximum de points possible par lancer

2) « Le boomerang est une invention TYPIQUEMENT australienne. Seul un boomerang australien peut revenir ».

FAUX. Outre, l’Australie, des artéfacts semblables au boomerang ont également été retrouvés en plusieurs points du globe : en Afrique. [1], en Amérique du Nord (Arizona), en Asie (Inde) et en Europe. À ce jour, le plus vieux boomerang du monde [2] a été retrouvé en Pologne et la datation au carbone 14 le situe à 23000 ans avant notre ère. L’utilisation du boomerang en Australie a perduré jusqu’au XVIIIe siècle.

3) « Le boomerang revient sans problème après avoir touché sa cible ».

FAUX. Si le boomerang touche un obstacle sur sa trajectoire, son vol s’en trouve tellement perturbé qu’il perd sa rotation et finit par tomber.

4) « Le boomerang est une arme de chasse primitive. »

FAUX. Le boomerang n’est pas une arme. Pour la chasse, les Aborigènes d’Australie utilisaient un bâton recourbé [3] qui ressemble plus ou moins au boomerang et qui –une fois lancé– fait une trajectoire rectiligne ou légèrement courbe, mais qui ne revient pas vers le lanceur. Chercher à atteindre une cible avec un boomerang est une chose quasiment impossible, en raison de sa trajectoire courbe. Bien que certains explorateurs ou anthropologues en rapportent son usage pour effrayer et rabattre des oiseaux, le boomerang des Aborigènes était principalement destiné au jeu.

5) « Le boomerang est très dangereux car ses bords sont extrêmement tranchants. »

FAUX. Le profil des pales d’un boomerang ressemble exactement à celui d’une aile d’avion : un bord d’attaque arrondit, qui fend l’air, et un bord de fuite plus fin. Certes, il y a des règles de sécurité à respecter, mais comme avec tout objet se déplaçant dans les airs avec une certaine vitesse. Le cinéma et la télévision ont propagés ce mythe du boomerang tranchant, mais il s’agit bien de pures fictions. [4]

6) « La seule et unique véritable forme du boomerang est le bipale en V très ouvert à 120 degrés. »

FAUX. Les boomerangs bipales en bois brut des Aborigènes étaient taillés dans des branches d’arbres, ce qui limite fortement les possibilités et les variations de formes. D’un point de vue aérodynamique, la forme en bipale est même très médiocre. Les multipales présentent des qualités bien plus appréciables (stabilité, mise en rotation et rattrapage). De nos jours, les créateurs laissent libre cours à leur imagination et on trouve donc des boomerangs dans une infinie variété de formes.

7) « Le boomerang peut voler jusqu’à plusieurs centaines de mètres et revenir parfaitement. »

FAUX. Avec une forme adéquate, un boomerang en bois peut voler jusqu’à une cinquantaine de mètres. En compétition, la portée minimum pour valider un lancer est de vingt mètres. Franchir le cap des 100 mètres de portée –mesurée depuis la ligne de lancer– tout en validant un retour reste une satisfaction rare. Le record du monde mesuré à 238 mètres [5], a été obtenu avec un boomerang de Longue Distance spécialement conçu en matériau composite [6].

8) « Comme un oiseau, le boomerang peut voler plusieurs minutes facilement. »

FAUX. La plupart des boomerangs font leur parcours complet en moins de dix secondes. En compétition, pour l’épreuve de Vitesse [7] un boomerang peut faire son vol en moins de trois secondes. Il existe aussi une épreuve spéciale où le but est de faire la plus longue durée de vol [8]. Si le record du monde officiel en MTA 100 m. est de 2min 19,10 secondes (par Nick CITOLI à Rome 2010*), faire un lancer rattrapé après une trentaine de secondes est déjà excellent.  [9]]

9) « Les Australiens sont incontestablement les meilleurs lanceurs de boomerang au monde. »

FAUX. Hélas, le boomerang est un sport ultra confidentiel en Australie. Dès les premiers tournois internationaux [10], les lanceurs américains ont très vite imposé leur domination. Ensuite, les lanceurs allemands ont pris la relais au plus haut niveau mondial. Lors des dix Coupes du Monde entre 1992 et 2010, les Etats-Unis ont remporté quatre fois [11] le titre de champions du monde par équipe et l’Allemagne six fois. Un seul lanceur australien a décroché le titre mondial en individuel [12], alors que deux Allemands [13] et un Suisse [14] ont remporté huit des dix titres mondiaux.

10) « Le retour du boomerang reste un mystère. Nul ne sait vraiment pourquoi il revient. »

FAUX. L’explication du retour du boomerang pourrait être résumée en deux mots : PRÉCESSION GYROSCOPIQUE. Mais elle a aussi fait l’objet d’une thèse de doctorat en 555 pages, par un physicien hollandais, Félix HESS en 1975. Mais, il est vrai que le vol du boomerang – et surtout son retour – garde un côté magique absolument fascinant.


sources :

Boomerang - Histoire, Lancer, Fabrication, Compétition, de J-L. PORQUET & D. POUILLET, 137 pages, Hoebeke 1986

L’essentiel du Boomerang, de D. BONIN & O. DUFFEZ, 191 pages, Chiron 1999

Boomerangs, Aerodynamics and Motion, thèse de doctorat soutenue par Felix HESS, sous la direction du Pr J. A. SPARENBERG, 1975)

Tony BUTZ : What is a Boomerang ? http://www.boomerang.org.au/articles/article-what-is-a-boomerang.html

IFBA http://www.ifba-online.com/smf/content.php ?topic=142.0&message=307

Les Boomerangs d’un pharaon, de J. THOMAS, 102 pages, 1991

Photo Boomerang Pologne : http://franceboomerang.fr/IMG/jpg/ivoire-2.jpg

 

[1] (Égypte, tombe du pharaon Toutankhamon)

[2] (en ivoire de mammouth)

[3] (en français : bâton de chasse, en anglais : hunting stick, killing stick, killie)

[4] (Mad Max)

[5] (Manuel SCHÜTZ en 1999)

[6] (fibre de verre & époxy)

[7] (Fast-Catch)

[8] (MTA, Maximum de Temps en l’Air)

[9] [* 2mn19s10 en MTA 100 par Nick CITOLI à Rome 2010 et 6mn20 en MTA illimité par Billy BRAZELTON, à Rome 2010

[10] (Novembre 1981 en Australie)

[11] (1992, 1994, 2002 & 2010)

[12] (Rob CROLL à Melbourne 2006)

[13] (Fridolin FROST quatre fois en 92, 98, 06 & 08, Alexander OPRI en 2010)

[14] (Manuel SCHÜTZ trois fois de 2000 à 2004)